Parler de nous et de nos histoires, ou plutôt des histoires de Sébastien « le croque-mort », c’est aussi vous raconter des anecdotes d’un métier pas banal. Dans cette première d’une série de chroniques funéraires anecdotiques, j’ai décidé d’adopter une présentation comprenant un volet éducatif et un volet divertissant. Oh! Le domaine funéraire peut être divertissant? Précision: l’idée n’est pas de rire des gens endeuillés ou des défunts, mais bien de vous partager ces situations qui, malgré le contexte de la perte d’un être cher, sont plutôt inhabituelles et restées gravées dans sa mémoire.
Embaumeur depuis 1995
Évidemment, en plus de 25 ans dans le domaine funéraire, il a vécu plusieurs expériences. Bien que ce soit un métier qui impose le respect, il y a quelques histoires qui réussissent à nous arracher un sourire ou une émotion vraiment particulière. Vous apprendrez peut-être, du même coup, des faits sur certaines procédures reliées à la pratique du métier d’embaumeur.
Pour des raisons de confidentialité, notez que les noms et les lieux ont été changés. Puisque mon beau-père a toujours rêvé de célébrité, j’utiliserai donc le prénom d’Yvan pour désigner les défunts de nos histoires. Rassurez-vous, le nôtre est bien vivant. Vous pouvez aussi prendre des notes afin d’éviter que ce genre de situation ne vous arrive lors d’un décès…
Anecdote 1 : Ne jamais partager son verre
Volet éducatif : Dans certains films ou anciens documentaires impliquant des scènes se déroulant dans un salon funéraire, on pourrait croire que lors de certaines procédures, les lèvres du défunt sont cousues. Il s’agit ici d’une ancienne pratique. Lorsque les dépouilles sont préparées au moment de l’embaumement, les lèvres sont plutôt soigneusement fermées à l’aide d’une colle spéciale. Si la personne porte un dentier, l’embaumeur prend aussi soins de l’installer, ce qui permet au visage d’avoir une forme plus naturelle.
Volet anecdotique : Un jour, Sébastien terminait la préparation d’un défunt. Il tentait de replacer la prothèse dentaire dans la bouche d’Yvan (nom fictif je vous le rappelle) et il trouvait que ça ne convenait tout simplement pas. Il a donc décidé de communiquer avec sa femme, une dame plutôt âgée, afin de lui expliquer la situation. Elle demanda à Sébastien de rapporter l’objet chez elle, puisqu’elle croyait bien avoir une réponse à cette problématique.
Il se rendit comme convenu directement chez la dame et sonna à la porte. La vieille dame ouvrit, et Sébastien lui remit la boite contenant le dentier de son mari. Elle ouvrit la boite, retira son propre dentier et, à la surprise générale, le remplaça par le dentier que Sébastien venait tout juste de lui rapporter. Elle s’exclama candidement : « Ah, ben oui, c’était le mien! Voici le sien », en lui tendant l’objet tout chaud qu’elle venait de retirer de sa bouche.
Je me plais à imaginer le visage de Sébastien qui a le dédain d’une simple gomme mâchée par autrui ; ça devait valoir un million de dollars. Parce que s’il n’a pas dédain des défunts et du corps humain, une gomme à mâcher usagée est son pire ennemi. Un homme rempli d’incohérences! Bref, il a repris le chemin vers le salon funéraire, a replacé le dentier qui, cette fois, était clairement fait sur mesure. Morale de l’histoire : ne partagez jamais votre verre d’eau si vous êtes deux à porter des dentiers!
Anecdote 2 : La veste à cinq cents dollars
Volet éducatif : Lors de la préparation du défunt, avant de le placer définitivement dans son cercueil, les vêtements du haut du corps sont coupés dans le dos pour faciliter l’habillage. Habituellement, dans le laboratoire, un crochet est placé près de la table de préparation et ne sert qu’à accrocher les vêtements que la famille de la personne décédée apporte.
Volet anecdotique : Un jour, Sébastien terminait la préparation d’Yvan qui allait être exposé quelques heures plus tard. La famille avait vraisemblablement apporté un magnifique veston d’une grande qualité et il était accroché sur le crochet destiné à cet usage. Puisque c’est la façon de faire, le veston a été découpé dans le dos et enfilé tel que requis. Le corps a ensuite été conduit dans la salle d’exposition. Quelques minutes plus tard, M. le patron était à la recherche de son veston tout neuf. Il finit par se rappeler qu’il l’avait accroché, vous devinez où, dans le laboratoire. Sébastien avait donc gentiment découpé le tout nouveau veston du patron. Oups! Morale de cette histoire : ne jamais accrocher son veston dans le laboratoire!
À chacun ses anecdotes
Chaque métier a ses histoires particulières, j’espère que vous avez apprécié celles du métier d’embaumeur que je vous ai présentées aujourd’hui. Démystifier le métier et le domaine funéraire fait partie de nos objectifs. Si vous avez des questions ou des sujets que vous aimeriez que l’on aborde, n’hésitez pas à nous en faire part.
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À très bientôt, Julie et Sébastien.