Comment dispose-t-on d’un corps en 2021?

Ce n’est pas une question dont on discute autour d’une bonne bouffe entre amis vous me direz. En fait, chez nous ça arrive à l’occasion… Quand on a un embaumeur qui est passionné par son métier autour de la table, les sujets de discussion finissent par faire abstraction des tabous entourant la mort.

Il peut être intéressant de s’y arrêter et de réfléchir à la manière dont on souhaiterait que l’on dispose de notre enveloppe charnelle une fois la grande transition réalisée. Le choix des rituels est une chose, mais il faut aussi réfléchir à ce qu’il adviendra de ce qu’il reste de notre corps après. On parle ici de destination finale, sans égard à l’exposition ou non du corps.

Depuis les dernières années, les méthodes de disposition ont beaucoup évolué. De nos jours, certains pays offrent maintenant des procédés qui ne sont pas encore disponibles chez nous. Explorons ensemble les possibilités.

Pour les plus traditionnels

L’inhumation

Ce terme signifie porter en terre un défunt, que ce soit dans un cercueil ou dans une urne, le plus souvent dans un cimetière. C’est culturellement ce qui était le plus pratiqué dans le cas d’un corps, avant que l’Église catholique n’autorise la crémation en 1963. Notre corps peut aussi être placé en crypte.

La crémation

La crémation est un procédé funéraire qui vise à brûler le corps d’un être humain décédé. Je parie que je ne vous ai rien appris sur celle-là. De nos jours, c’est le choix le plus populaire des familles. À la fin de la période de combustion, il restera des os qui seront broyés et qui constituent ce qu’on appelle les cendres.

Saviez-vous qu’on ne devrait pas utiliser le mot incinération? Ce mot est en principe réservé pour un procédé qui réduit en cendre… les déchets. Si vous dites le mot incinéré devant Sébastien, il vous comprendra certes, mais une légère envie de vous corriger lui traversera l’esprit. En fait, ne soyez pas surpris qu’il vous corrige avec bienveillance 😊.

L’aquamation

L’aquamation est un nouveau mot désignant une pratique funéraire recourant au procédé physico-chimique d’hydrolyse alcaline, aussi appelée la crémation par l’eau. La matière des corps est réduite en ses composants organiques et minéraux solubles. La solution sera ensuite neutralisée et traitée avec les eaux usées. Il en restera les os, qui seront séchés et broyés pour constituer ce qu’on appellera les cendres, qui sont en fait de la poudre d’os. Ce procédé est plus long, mais génère moins de gaz à effet de serre qu’une crémation. Le coût est sensiblement le même aussi.

Pour la crémation et l’aquamation, il faut ensuite réfléchir à ce que vous ferez avec les cendres. Plusieurs choix s’offrent à vous : les inhumer au cimetière, les placer dans un colombarium ou les prendre en charge.

Si vous choisissez de les garder avec vous, il existe encore une fois plusieurs options. De nos jours, il existe des urnes qui sont de véritables œuvres d’art et qui peuvent se marier discrètement à tous les décors. Ce n’est cependant pas tout le monde qui est à l’aise de les conserver à la maison. Il est aussi possible de les disperser selon certaines conditions ou d’en extraire un échantillon pour fabriquer des bijoux, les transformer en diamant, les faire exploser dans un feu d’artifice, les expédier dans l’espace, et encore plus. Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets.

Pour les innovateurs

La cryogénisation

Offert au Québec, c’est un procédé qui consiste à être plongé dans l’azote liquide et qui garde supposément le corps intact à travers les années pour éventuellement être « réveillé ». On peut penser par exemple à M. Walt Disney qui a eu recours à ce procédé. Selon le web, environ 350 personnes dans le monde ont eu recours à cette technique à ce jour.

La promession

Ce procédé n’est pas encore disponible au Québec, mais consiste à lyophiliser le corps, soit le débarrasser de toute l’eau qu’il contient. Il ne demeurera que 30 % du corps qui sera réduit en poudre. Les métaux seront extraits du résidu pour être recyclés. Si inhumée, l’urne et les restes qu’elle contient auront été assimilés par la nature au bout d’un an.

L’humusation ou compostage humain

Pour les plus écolos, ce procédé n’est pas encore autorisé au Québec. Le corps est recouvert de matériaux naturels, comme de la paille ou des copeaux de bois. Sur une période d’environ trois à sept semaines, grâce à l’activité microbienne, il se décompose en sol ou dans des tubes d’acier. Le compost est soit remis à la famille, soit utilisé dans différents projets environnementaux.

Dans la même veine, il existe aussi des cercueils biodégradables et des combinaisons composées de champignons qui accélèreront la décomposition du corps. On habille le corps de cette combinaison avant de l’inhumer en terre. Encore une fois, ce procédé n’est pas disponible chez nous.

Y trouverez-vous votre compte?

Un peu étourdissant tout ça n’est-ce pas? Difficile pour notre cerveau d’envisager une de ces options sans avoir un peu le vertige. Chose certaine, les options de disposition du corps évoluent assez rapidement contrairement à l’aspect légal et à l’acceptabilité sociale qui ne vont pas au même rythme. Qui sait ce qui sera possible de faire dans 20 ou 30 ans.

Une dernière option avant de vous quitter? Vous pouvez faire don de votre corps à la science, ou le confier au collège de Rosemont qui forme nos charmants (charmantes) embaumeurs de demain.

Et si vous avez une envie folle d’en jaser et que vos proches vous regardent d’un drôle d’air en abordant la question, venez nous voir, on se fera un plaisir d’échanger avec vous sur le sujet!

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