Faire autrement, ah oui? Vraiment?

Depuis un certain temps déjà, il y a une chanson de Bruce Hornsby de 1986 qui joue souvent dans ma voiture en me rendant au travail. Premièrement parce que j’adore le piano de cette chanson, mais aussi parce qu’en l’écoutant bien, les paroles ont fait émerger en moi une évidence. Voici ce qu’elle dit (ma traduction suivra): “That’s just the way it is, some things will never change, that’s just the way it is, ah, but don’t you believe them.” Traduction libre spontanée: « C’est comme ça, il y a des choses qui ne changeront jamais, c’est comme ça, ah, mais est-ce vraiment ce que tu crois? » Moi et mon esprit de contradiction, on venait de trouver une source de motivation.

L’objectif

J’ai réalisé que ça représente à merveille ce que nous tentons de faire avec notre entreprise. Faire autrement, ça demande des efforts, des essais erreurs et, heureusement, des essais réussites. Ça prend du temps. Les habitudes et les convenances sont ancrées profondément en nous. Dans une industrie qui est atteinte de conservatisme aigu, difficile de détendre l’atmosphère. Je vous raconte comment j’ai vécu ce qui s’est passé tout récemment dans notre salle Trait-d’union à l’occasion d’une cérémonie. Comparativement à Sébastien qui a beaucoup d’expérience dans le domaine, j’en suis encore à l’apprivoiser, à analyser les comportements et les réactions des gens qui vivent un deuil. Je constate de plus en plus que ces moments sont remplis de lumière, d’humanité et de vie.

La réalité d’une cérémonie funéraire

Nous avons eu le privilège d’accueillir une première famille qui nous a fait confiance pour bâtir une cérémonie à l’image de leur Papi d’amour, un bon vivant. Évidemment, nous sommes en temps de pandémie, donc à l’ambiance des funérailles s’ajoutent les maladresses, l’hésitation à poser des gestes presque devenus interdits. Après être entré, tout le monde s’est naturellement isolé par petit groupe, chacun dans son petit coin, maladroitement. C’est plutôt une bonne chose dans les circonstances vous allez me dire. Se parler, se rapprocher, se consoler sont des gestes tout à fait humains dans les circonstances et deviennent maintenant risqués.

Les gens chuchotaient et, dans mon for intérieur, j’ai eu une petite panique et je me suis dit : « Julie, fais quelque chose pour détendre l’atmosphère, je ne veux pas qu’ils se sentent comme à l’église ou dans des endroits trop froids. Ici, on fait les choses autrement! Oui, mais comment autrement? Dans les faits, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est à ce moment qu’on doit connecter avec les gens présents, leur parler simplement, naturellement, sans trop de décorum (j’y suis allergique). Donc, pour ma part, oser être moi-même.

Nul besoin que ce soit compliqué

Nous avons vécu une cérémonie différente, simple dont j’ai eu le grand privilège d’être la célébrante. Nous avons osé, à la demande de la famille, des rituels qu’on voit moins souvent dans le plus grand respect de la personnalité du défunt. Nul besoin d’aller dans l’extravagance pour créer une cérémonie à l’image du disparu. Parler de sa vie, des bonheurs partagés, des souvenirs communs; ça rend son départ plus supportable pour quelques instants, ça laisse en mémoire un peu de légèreté. Rire et pleurer est permis et ça prend, selon moi, un bon équilibre entre les deux. On se rend compte qu’on a partagé de bons moments et que les souvenirs, eux, ne meurent jamais si on leur donne la chance de les revivre ensemble. Les liens se créent et se resserrent.

Écouter sa petite voix intérieure

Au final, ma grande satisfaction est d’avoir entendu les membres de la famille exprimer leur appréciation du moment qu’on a partagé. Que ça leur a fait du bien d’avoir vécu une cérémonie où il était permis de faire les choses autrement. J’ai eu, à ce moment, la profonde conviction qu’il fallait travailler en ce sens, être fidèles à qui nous sommes. Il faut continuer, malgré les doutes, d’écouter cette petite voix qui nous dit que ce n’est pas vrai que les choses ne changeront jamais. Dans notre parcours, il y aura des difficultés, des gens qui tenteront de nous dire le contraire, mais aussi des gens qui nous confirmeront qu’on est sur le bon chemin, qu’on a fait une différence. Et ça, c’est vraiment ce que je crois. Bon, allez, je m’en retourne écrire le livre des règlements. À bientôt!

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